Deux papetiers de génie

1782, à Davézieux, au nord du Vivarais, la famille Montgolfier dirige l’importante papeterie de Vidalon.

En moins d’un siècle, elle l’a fait passer de l’artisanat à l’industrie. Pierre, le patriarche, règne sur ce petit monde aidé par plusieurs de ses fils, ingénieurs avant la lettre.

Parmi eux, Joseph (1740-1810) a toujours préféré la pratique à la théorie. Perpétuellement préoccupé par une nouvelle invention, le ballon n’est qu’une de ses réalisations, (on pourrait citer le bélier hydraulique, la lampe d’Argand….), en 1800, il est nommé démonstrateur au Conservatoire National des Arts et Métiers.

A l’opposé, Etienne (1745-1799) est un homme cultivé, ancien élève de Soufflot.
Novembre 1782, Joseph est à Avignon pour son commerce, et voyant s’éle-ver la fumée dans la cheminée, il a l’idée de l’enfermer dans un cube de toile qui, bientôt, gagne le plafond. Dès le retour de Joseph à Vidalon, toute la famille Montgolfier s’affaire pour réaliser un petit ballon de un mètre de diamètre en soie de Florence destinée à confectionner des gilets.

Cette expérience en chambre incite les Montgolfier à construire un plus gros ballon. Ils réalisent l’enveloppe avec leur papier et, le 14 décembre 1782, dans le jardin de la papeterie de Vidalon, s’élève le premier aérostat. Il traverse la Deûme et se pose près de la maison de Grattet.

Les Montgolfier savent que, désormais, l’homme volera même si quelques perfectionnements demeurent indispensables.
Dès le 16 décembre, dans un courrier adressé à Nicolas Desmarest de l’Académie des Sciences, ils imaginent déjà Fleurus, le siège de Paris, les mesures atmosphériques évoquant leur invention d’une machine “ qui pourrait être utile pour donner des signaux sur terre, faire passer des avis dans une ville assiégée, faire des expériences sur l’électricité des nuages etc… “.

Immédiatement, les Montgolfier envi-sagent une expérience publique et construisent un gros ballon en toile d’emballage renforcée d’une triple
épaisseur de papier. Pour relier les fuseaux, ils ont percé 1800 bou- tonnières dans lesquelles passent les cordons. Pour officialiser leur découverte, les Montgolfier choisissent le 4 juin 1783 car, ce jour- là, sont réunis à Annonay les Etats du Vivarais, personnalités qui pourront attester de la réalité de l’invention.